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Amman2Paris interview
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De militaire à réfugié, une descente aux enfers.

De militaire à réfugié, une descente aux enfers.

©ClaireMarineGros
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Abdulkhareem, est un vétéran de la guerre Irak-Iran ; devenu soldat à 18 ans, il a été gravement blessé à la jambe lors d’un combat à 22 ans, obligé à passer huit mois à l’hôpital et à subir des opérations de chirurgie reconstructrice pendant quatre ans. Originaire de Karamless, lui et sa famille se sont ensuite établis à Bagdad. Ville qu’il leur a fallu quitter en 2006 lorsque les milices s’en sont pris aux chrétiens (en tant que minorité confessionnelle occupant des postes plus intéressants et valorisés, compte tenu de leur meilleur niveau de vie et d’études). Ils sont donc arrivés à Mossoul. Son épouse, Sawsan, n’a pas revu sa mère depuis plus de neuf ans, lorsque celle-ci a décidé de fuir au Liban avec ses autres enfants. A leurs yeux, il est très difficile d’envisager un futur pour les chrétiens au Moyen-Orient, dans la mesure où ceux-ci ne savent pas pourquoi ils sont persécutés pour leur religion et obligés de fuir ; rester signifie pour eux renoncer à tout avenir, ils n’ont donc pas d’autre option aujourd’hui, alors que la situation est pire que jamais, que de partir.

La famille a tout perdu en fuyant Daesh, lorsque l’organisation a pris possession de la ville de Mossoul : le magasin qu’ils possédaient et dont ils vivaient, leur maison, … Tous les membres de leur famille ont désormais quitté l’Irak pour la Jordanie, le Canada ou l’Australie. Arrivés eux-mêmes en Jordanie il y a deux ans avec un peu d’argent, ces fonds sont aujourd’hui épuisés ; ils ne survivent que grâce à l’aide d’amis et du père Bohros, arménien catholique en charge de la paroisse d’Ashrafia (quartier le plus difficile d’Amman) et qui tâche d’accompagner les chrétiens réfugiés d’Irak. La santé d’Abdulkhareem ne cessant de se dégrader, il a dû subir une importante opération du cœur fin janvier 2016, financée par ses amis, ceux du père Bohros et le Dr Khaled (médecin jordanien fortuné, qui a décidé de subvenir tous les mois aux besoins de dix familles réfugiées irakiennes en termes de loyer, nourriture, frais médicaux et éducation des enfants).

A l'attention de la France : il faut faire entendre la voix et la situation des chrétiens au Moyen et Proche-Orient, pour construire de l’écoute et de l’amitié qui viendront répondre et s’opposer à la violence et aux combats à l’œuvre dans la région. « Le simple fait de nous rendre visite et de prendre le temps de nous écouter représente déjà énormément pour nous. Merci."