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Amman2Paris interview
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« Notre futur, c’est de suivre la volonté de Dieu »

« Notre futur, c’est de suivre la volonté de Dieu »

©ClaireMarineGros
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C’est à Marka, un quartier pauvre d’Amman, au troisième étage d’un immeuble équipé d’un ascenseur, que nous rencontrons la famille Khannah. Cette famille de chrétiens d’origine irakienne est réfugiée en Jordanie depuis le 25 septembre 2014. Originaires de Bartalah (petit village dans les alentours de Mossoul), mais ayant vécu à Bagdad et à Mossoul, ils ont traversé la frontière Jordanienne après la prise de la plaine de Ninive par Daesh.

« Quand j’ai entendu en juin 2014 que Mossoul était tombée dans les mains de Daesh, je m’attendais au pire et c’est une amie qui m’a dit de partir de Bartalah. Mon frère qui travaillait à Bagdad est alors rentré à la maison. Le 7 août nous avons vu une foule de gens courir dans la rue et toute notre famille a sauté dans un pick-up, sans prendre le temps d’attraper autre chose que du pain. »

Comme beaucoup de familles dans ce cas, c’est le jour de l’arrivée de l’Etat Islamique dans les banlieues de Mossoul, que la grande migration a débuté.

« Nous avions entendus ce qui était arrivé aux autres minorités confessionnelles présentes en Irak, ce qui était réservé aux femmes yézidis et chrétiennes kidnappées … il était hors de question que ma famille subisse ces horreurs. » confie Esttaifan, chef de famille alors âgé de 80 ans. Dans la précipitation il est tombé sur les genoux et ne marche maintenant plus qu’avec une canne « Il a fallu que nous partions vite et je ne voulais pas que ma famille voyage sans rien à manger, j’ai couru après la voiture, un sac de pain à la main. »

« En arrivant à Ankawa - après deux jours de voyage pour un trajet qui initialement durait deux heures - nous avons du dormir dans la rue car les églises étaient pleines à craquer, on ne pouvait pouvait même plus y rentrer. ». Le lendemain, des prêtres leur ont ouvert une salle de classe dans laquelle ils ont vécu quatre mois avec 8 autres personnes. « L’école avait accueilli plus d’une centaine de famille. C’était difficile car pour se laver ou tout simplement aller aux toilettes on pouvait attendre plus de trois heures à cause de la queue dans les couloirs. On avait donc pris l’habitude de se lever en pleine nuit pour attendre un peu moins. »

Ils ont ensuite pris l’avion pour atterrir en Jordanie en septembre 2014. Cela fait maintenant un an et demi qu’ils attendent un visa pour continuer leur vie dans un pays qui pourra leur offrir du travail et un avenir. « Notre futur, c’est de suivre la volonté de Dieu. » dit à voix basse Esttaifan.